vendredi 9 novembre 2018

Pour en finir avec les idées fausses #1 La génétique contre le racisme


Je vous propose, dans cet article, un petit point sur l'histoire génétique de l'« humain moderne », c'est-à-dire de nos ancêtres à tou.te.s à partir de leur différenciation avec leurs cousin.e.s néandertalien.ne.s et dénisovien.ne.s (-300.000). Je m'appuie, pour ce faire, sur l'article d'André Langaney : « Les bases génétiques de l'évolution humaine », in Qu'est-ce que la vie ?, UTLS, 2000.

L'« humain moderne », c'est ce qu'on a longtemps appelé l'« Homo sapiens » avant de s'aviser que ses cousin.ne.s étaient tout aussi « sapiens » (même compétences, même taille de cerveau). Le rameau « humain moderne » est né en Afrique équatoriale, celui des humains néandertaliens, en Europe, et celui des humains dénisoviens, dans l'Oural (grosso modo). Contrairement à ses cousin.e.s, dont l'expansion géographique a été limitée, celle des « humains modernes » les a fait se répandre rapidement sur tous les continents. À la veille du Néolithique, les « humains modernes » sont implantés presque partout (sauf : Sibérie, Scandinavie, Islande, Polynésie, Caraïbes), mais en très faible nombre.

Le Néolithique (-10.000 / -5000) est marqué par une véritable explosion démographique, avec une forte densification de la population humaine dans certaines régions (Indus, Chine, « croissant fertile » entre la mer Noire, la mer Rouge et le golfe Persique). L'expansion des « humains modernes » se fait par (1) alliance matrimoniale et (2) migration. Dès le Néolithique, « … les êtres humains ont échangé assez de conjoints de proche en proche et de migrants de loin en loin pour que l'ensemble des gènes soient répartis en nappes continues à la surface de la planète : il n'y a pas de discontinuité génétique notoire*, pas de frontière biologique entre les populations, pas de races humaines** ».
* La différence qui existe entre les deux êtres humains les plus différents du point de vue du patrimoine génétique est de 0,01 % et concerne 25 gènes sur 25.000.
** L'existence de races est le prélude à la ramification d'une espèce donnée en sous-espèces.

Qu'est-ce qui explique maintenant les différences (morphologie et couleur), qui ont été utilisées comme critères pour caractériser les pseudo-races humaines ? Il s'agit de différences adaptatives, exclusivement liées au milieu, considéré sous l'angle de facteurs très simples : température et ensoleillement principalement. La peau sombre est un effet de l'adaptation à un ensoleillement important, la peau claire, à un ensoleillement réduit, tandis que les formes rondes résultent de l'adaptation aux climats froids, les formes élancées, aux climats chauds.
La ressemblance physique, liée à l'adaptation au lieu et au climat, et la parenté génétique, liée à l'histoire et à la géographie, sont déconnectées. Ainsi les Bantou.e.s ressemblent aux Papou.e.s, mais sont pourtant parents très éloignés (iels se sont séparé.e.s il y a 100.000 ans). En revanche, les Papou.e.s ne ressemblent pas aux Vietnamien.ne.s, mais sont leurs proches parents. Une population peut en effet faire varier sa morphologie et sa couleur sans modifier son capital génétique, simplement en faisant primer l'expression d'un groupe de gènes plutôt qu'un autre.

Comment nos ancêtres ont-ils procédé pour essaimer sur tous les continents, tout en s'adaptant à des conditions climatiques nouvelles ? Les migrations des populations humaines du Néolithique étaient lentes (100 km environ par siècle) et faisaient alterner les périodes de déplacement et d'implantation. Celles et ceux qui choisissaient de migrer dans une direction (nord ou sud) étaient celles et ceux qui s'en sentaient le plus capable (par leurs différences morphologiques), qui étaient donc les plus adapté.e.s. Les migrant.e.s avaient de surcroît une stratégie matrimoniale, qui les faisaient s'allier aux populations locales, afin d'accroître l'adaptabilité de leur progéniture.

L'homogénéité génétique propre aujourd'hui à l'espèce humaine n'aurait pu exister sans cette culture du mélange qu'a su adopter l'« humain moderne ».
Ce système, où des vagues de migration se sont mélangées à des agrégats de migrations antérieures, a fonctionné parce qu'il existait (1) une culture de l'accueil des arrivant.e.s et (2) des alliances entre groupes voisins.

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