mercredi 27 février 2019

Des femmes dans un monde d'hommes #1 Madame Guyon

Madame Guyon (1648 - 1717)
 
Dans son ouvrage : La fable mystique : XVIe et XVIIe siècle, paru en 1982, Michel De Certeau analyse l'embastillement* de Madame Guyon, comme la punition d'une femme ayant eu l'audace de s'approprier un rôle réservé aux hommes : celui de directeur de conscience. Je mets ici la définition que fait le Littré de la direction de conscience : « méthode particulière que suivent les gens d'Église pour conduire les âmes dévotes dans la voie du salut ».
À l'époque heureuse où, étudiante, je travaillais sur la mystique féminine du Grand Siècle, cette analyse m'avait semblé fort éclairante.
Elle ne me convainc plus guère aujourd'hui. Certes, il s'agit là d'une vision très moderne, qui a le mérite de mettre la question du genre au cœur d'une réflexion sur la religion catholique (et notez qu'elle est née dans le cerveau d'un jésuite !), et qui va dans le sens des travaux féministes montrant comment la violence des hommes, institutionnelle ou non, physique ou symbolique, peut s'abattre sur toutes celles qui marchent sur « leurs plates-bandes », mais cette vision séduisante ne prend pas en compte la réalité de la direction spirituelle au XVIIe siècle, qui n'était pas une activité genrée.
En effet, l'Église catholique française du XVIIe siècle autorisait aussi bien les hommes que les femmes à diriger. À côté du plus célèbre de tous les directeurs de conscience, j'ai nommé le Tartuffe de Molière, des femmes tout aussi célèbres ont pu remplir ce rôle (Madame Guyon donc, mais également Madame de la Vallière, devenue carmélite sous le nom de Louise de la Miséricorde, et Madame de Maintenon, de qui Saint-Simon dit, dans ses Mémoires, qu'elle avait « la maladie des directions qui lui emporta le peu de liberté dont elle pouvait jouir », et l'on sait qu'elle jouissait en effet de bien peu de liberté** !), sans que l'institution n'y mette obstacle, sans que l'opinion ne voit là quelque innovation scandaleuse. Voici, par exemple, ce qu'en dit Madame de Sévigné à sa fille :
« M. de Conti l'aime et l'honore tendrement, elle [Louise de la Miséricorde] est son directeur ; ce prince est dévot, et le sera comme son père. »

La non-féminisation de cette fonction chez la marquise de Sévigné, sa féminisation chez le Duc de Saint-Simon (« Elles [des pensionnaires de Saint-Cyr] s'attachèrent plus que pas une à leur nouvelle directrice [Madame Guyon]... »), sont un parfait exemple du flottement qui affecte les noms de métier ou les fonctions initialement genrés et/ou dans lesquels l'un des genres est surreprésenté. À l'origine, la direction spirituelle a bien été masculine : c'est par une évolution des usages que les femmes y ont eu accès, en nombre toutefois limité.
Comment expliquer que l'Église catholique, avec son clergé composé exclusivement d'hommes, ait laissé une pratique de conduite et d'accompagnement des fidèles passer, en France du moins, aux mains des femmes ?
La direction spirituelle ne nécessitait pas alors d'avoir reçu le sacrement du sacerdoce, par contre requis pour la réalisation de tous les actes (de langage), qui ponctuent les grands moments du culte religieux et de la vie des croyant.e.s. Pour que la bénédiction soit effective, que le pardon remette les péchés, que le mariage unisse mari et femme devant Dieu..., il faut que ces actes rituels soient réalisés par une personne autorisée à le faire, qui en a obtenu le mandat et qui dispose d'un accès aux biens symboliques (la bénédiction, le pardon, le sacrement du mariage...) grâce, en l'occurence, à son appartenance à la prêtrise. Là où il y a actes rituels, il y a exclusivité masculine (exclusivité partielle, à dire vrai, puisque, par exemple, le baptême pouvait être, dans certains cas exceptionnels, administré par toute personne, elle-même baptisée, qui se trouvait près de l'enfant nouveau-né en danger de mourir avant l'intervention du prêtre, et qui se trouve souvent à proximité de la parturiente, sinon la sage-femme et/ou les parentes et voisines venues l'assister ?). Pour le reste, les laïcs, hommes ou femmes, étaient et sont tout à fait bienvenu.e.s à prendre une place active dans l'Église, notamment en dirigeant leurs coreligionnaires.

J'avancerai une autre hypothèse à l'embastillement de Madame Guyon : directeur et directrice de conscience jouissaient d'une grande influence sur celles et ceux qu'iel dirigeait. Il suffit de lire, pour s'en persuader, les piques de Boileau, dans ses Satires (1666 - 1716), sur la soumission aveugle des dévotes à ce tout-puissant personnage :
« C'est ce qu'en vain le ciel voudrait exiger d'elle ; Et peut-il, dira-t-elle, en effet l'exiger ? Elle a son directeur, c'est à lui d'en juger. »
Ou bien :
« Mais de tous les mortels, grâce aux dévotes âmes, Nul n'est si bien soigné qu'un directeur de femmes. »
La pièce de Molière (1669) en donne la même idée et fait voir que cette influence ne s'exerçait pas sur le seul sexe féminin. À propos de Tartuffe, qu'Orgon, le père de famille, a installé dans sa propre maison et dont il est entièrement sous la coupe, la suivante Dorine dit ceci :
« Certes, c'est une chose aussi qui scandalise / De voir qu'un inconnu céans s'impatronise ; / Qu'un gueux, qui, quand il vint n'avait pas de souliers, / Et dont l'habit entier valait bien six deniers, / En vienne jusque-là que de se méconnaître, / De contrarier tout et de faire le maître. »
Enfin La Bruyère, dans les Caractères, ou les Mœurs de ce siècle (1688), souligne la place toute particulière et fort enviable qu'occupait le directeur de conscience dans la vie pas seulement spirituelle de ses (riches) contemporains :
« Si une femme pouvait dire à son confesseur, avec ses autres faiblesses, celles qu'elle a pour son directeur et le temps qu'elle perd dans son entretien, peut-être lui serait-il donné pour pénitence d'y renoncer ».
« Je vois bien que le goût qu'il y a à devenir le dépositaire du secret des familles, à se rendre nécessaire pour les réconciliations, à procurer des commissions ou à placer des domestiques, à trouver toutes les portes ouvertes dans les maisons des grands, à manger souvent à de bonnes tables, à se promener en carrosse dans une grande ville, et à faire de délicieuses retraites à la campagne, à voir plusieurs personnes de nom et de distinction s'intéresser à sa vie et à sa santé, et à ménager pour les autres et pour soi-même tous les intérêts humains ; je vois bien, encore une fois, que cela seul a fait imaginer le spécieux et irrépréhensible prétexte du soin des âmes, et semé dans le monde cette pépinière intarissable de directeurs. »
Dans ce passage, il évoque plus spécifiquement l'autorité spirituelle et morale du directeur :
« (...) avoir un directeur mieux écouté que l'Évangile ; tirer toute sa sainteté et tout son relief de la réputation de son directeur, dédaigner ceux dont le directeur a moins de vogue, et convenir à peine de leur salut ; n'aimer de la parole de Dieu que ce qui s'en prêche chez soi ou par son directeur, préférer sa messe aux autres messes, et les sacrements donnés de sa main à ceux qui ont moins de cette circonstance (...) : c'est du moins jusqu'à ce jour le plus bel effort de la dévotion du temps. »
Dès lors, si ce pouvoir est détenu par quelqu'un qui véhicule une « doctrine pernicieuse », ce pouvoir devient dangereux et son détenteur ou sa détentrice aussi bien. J'en veux pour preuve ce propos rapporté par Madame de Sévigné, qui montre que le roi Louis XIV lui-même jugeait de son devoir de combattre tout ce qui lui semblait s'éloigner du dogme catholique :
« Le coadjuteur et le d'Hacqueville m'ont déjà fait entendre l'aigreur de Sa Majesté sur ce pauvre curé [Le curé du Saint-Esprit, alors exilé, et recommandé par madame de Grignan], et que le roi avait dit à M. de Paris : "C'est un homme très-dangereux, qui enseignait une doctrine pernicieuse : on m'a déjà parlé pour lui ; mais plus il a d'amis, plus je serai ferme à ne le point rétablir." »
Ainsi Madame Guyon, avec ses idées quiétistes, était-elle jugée fort dangereuse, par l'influence qu'elle avait acquise dans la plus haute société, jusque dans l'entourage du duc de Bourgogne, petit-fils de Louis XIV, en tant que directrice de conscience. Je laisse la parole à Saint-Simon :
« Peu à peu il [Fénelon] s'était approprié quelques brebis distinguées du petit troupeau que Mme Guyon s'était fait, et qu'il ne conduisait pourtant que sous la direction de cette prophétesse. La duchesse de Mortemart, soeur des duchesses de Chevreuse et de Beauvilliers, Mme de Morstein, fille de la première, mais surtout la duchesse de Béthune, étaient les principales. Elles vivaient à Paris, et ne venaient guère à Versailles qu'en cachette et pour des instants, lorsque, pendant les voyages de Marly, où Mgr le duc de Bourgogne n'allait point encore, ni par conséquent son gouverneur, Mme de Guyon faisait des échappées de Paris chez ce dernier et y faisait des instructions à ces dames. La comtesse de Guiche, fille aînée de M. de Noailles, qui passait sa vie à la cour, se dérobait tant qu'elle pouvait pour profiter de cette manne. L'Échelle et Dupuy, gentilshommes de la manche*** de Mgr le duc de Bourgogne, y étaient aussi admis, et tout cela se passait avec un secret et un mystère qui donnaient un nouveau sel à ces faveurs. »
Dans l'« éloge funèbre » qu'il fait après sa mort, le célèbre mémorialiste revient sans cesse sur le caractère de scandale qui avait entouré sa vie, la publicité fâcheuse de ses idées quiétistes, qu'il oppose à ses dernières années, marquées par la discrétion et le retour à une pratique religieuse orthodoxe :
« Une autre personne [morte en 1717], bien plus illustre par les éclats qu'elle avait faits, quoique d'étoffe bien différente, ne fit pas le bruit qu'elle aurait fait plus tôt. Ce fut la fameuse Mme Guyon. Elle avait été longtemps exilée en Anjou depuis le fracas et la fin de toutes les affaires du quiétisme. Elle y avait vécu sagement et obscurément sans plus faire parler d'elle. Depuis huit ou dix ans elle avait obtenu d'aller demeurer à Blois, où elle s'était conduite de même, et où elle mourut sans aucune singularité, comme elle n'en montrait plus depuis ses derniers exils, fort dévote toujours et fort retirée, et approchant souvent des sacrements. »
Les recommandations qui accompagnent l'arrestation de Madame Guyon (bien la traiter, mais veiller à lui retirer tous moyens de communication avec l'extérieur), témoignent d'une volonté d'étouffer son influence et la diffusion de la doctrine quiétiste.

* Madame Guyon fut emprisonnée à la Bastille, de 1695 à 1703, sur « lettre de cachet », qui permettait l'incarcération sans jugement et était souvent l'instrument de la persécution religieuse. Les conditions de sa détention sont rudes, avec de nombreuses séances d'interrogatoire menées par le lieutenant général de police Nicolas de La Reynie en personne, puis par son successeur, le marquis d'Argenson, et des confrontations incessantes avec son confesseur imposé et l'archevêque de Paris.
** Madame de Maintenon, dans une de ses lettres, avait eu cette formule paradoxale, que ne comprendront sans doute que celles et ceux qui, à l'instar de Jacques Derrida qui s'y arrêta dans Donner le temps, n'ont pas un instant de libre : « Le roi me prend tout mon temps. Le reste je le donne à St Cyr, à qui je voudrais le tout donner ».
*** Gentilshommes de la manche : gentilshommes dont la fonction était d'accompagner les fils de France dans leur jeunesse ; ces gentilshommes accompagnaient partout les princes, et, comme l'étiquette ne leur permettait pas de les tenir par la main, ils ne les touchaient qu'à la manche ; de là leur nom. Définition tirée du Littré.

dimanche 3 février 2019

Femmes illustres #1 Baba Yaga l'incomprise

Illustration : Ivan Bilibine pour Vassilissa-la-très-belle, 1899

Baba Yaga nous est souvent présentée comme une (méchante) sorcière, mais cette interprétation du personnage est inexacte.

Baba Yaga occupe une place particulière dans le conte merveilleux russe. À peine est-elle nommée, qu'on la voit paraître devant nous, très âgée, mais très grande, environnée d'animaux sauvages, se déplaçant dans un mortier, aux lisières de forêts funèbres, en s'aidant d'un pilon et d'un balai, toujours suivie de sa hutte sur pattes de poule. Voilà Baba Yaga, qui joue pourtant dans les contes des rôles très différents, et parfois même contradictoires.

Propp, dans sa Morphologie du conte, 1928, avance la thèse qu'une figure incarnant les valeurs positives d'un état culturel donné, est dévaluée à mesure que la culture évolue et que de nouvelles valeurs se font jour, en rupture avec les précédentes. Le conte merveilleux servirait, à ce titre, de cadre pour la commémoration en demi-teinte d'une Baba Yaga anciennement beaucoup plus positive*. Et ce rapport ambivalent au personnage servirait en retour à donner du sel aux contes merveilleux.

Conférer à Baba Yaga le statut de méchante sorcière, c'est pousser beaucoup plus loin que le conte ne le fait la dévaluation de son personnage. Si les attributs de Baba Yaga sont effrayants (et sont prisés comme tels), aucun d'entre eux n'est en soi la marque d'une puissance négative. L'effroi a d'ailleurs longtemps été un témoignage de respect : toutes les divinités des panthéons antiques sont « effrayantes ».

Parmi les traits qui induisent une lecture négative du personnage et font, à tort, identifier Baba Yaga à une sorcière, il y a sa vieillesse. C'est pourtant par ce trait que le conte peut lui faire endosser le rôle d'adjuvante, qui apporte ou non son aide au héros / à l'héroïne, selon qu'iel passe heureusement ou non l'épreuve qui conditionne cette aide.
Ce rôle est en l'occurrence souvent rempli par des personnes âgées : nombre de héros ou d'héroïnes trouvent sur leur route un vieil homme / une vieille femme, dont la rencontre est toujours décisive pour la suite de leurs aventures.
Ce topos renvoie aux sociétés anciennes, qui regroupaient autour d'un même foyer une famille élargie, et où le grand-père / la grand-mère entretenait un rapport privilégié, un rapport d'identité avec l'enfant du même sexe. L'enfant y était en effet regardé comme l'avenir du grand-parent, qui, en lui, se projetait et voyait son successeur.
Dans une société qui a brisé ses structures familiales profondes, comme ont pu le faire les sociétés occidentales au 20ème siècle, dans une société où il n'y a plus de relations directes entre enfants et grands-parents, où la famille s'entend comme la réunion sous un même toit de deux générations, quand elle en réunissait autrefois trois, cette figure n'est absolument plus comprise.

Ce n'est donc pas par sa vieillesse que Baba Yaga est dangereuse : l'effroi devant la vieillesse reste un effroi respectueux. Si le conte lui fait parfois assumer le rôle d'agresseur à l'égard du héros ou de l'héroïne, c'est par d'autres traits, qui sont d'ailleurs aussi bien traditionnellement féminins (le four) que traditionnellement masculins (le bouclier qui crache du feu).
Les agresseurs des contes, relativement divers, sont toujours bien typés : monstre, dragon.ne, frère ou sœur, belle-mère ou beau-père... Ces types se rattachent soit à l'univers clos de la famille (le plus souvent recomposée : on reconnaît là la défiance universelle à l'encontre du remariage, qui tend à brouiller les lignages), soit au monde des marges, où le non-humain et l'humain se mélangent. Baba Yaga n'appartient vraiment ni à l'un ni à l'autre de ces univers :
  • si elle commande aux animaux sauvages, elle n'est pas, comme nombre d'agresseurs, mi-humaine mi-animale ;
  • si elle habite les frontières qui séparent les vivants des morts, elle n'est pas elle-même morte-vivante ;
  • elle n'a aucun lien avec la recomposition familiale.
Ne possédant pas les caractères typiques de l'agresseur, Baba Yaga est malgré tout capable d'agression. Même quand elle est aidante, son pouvoir de destruction est latent (la hutte sur pattes de poule est plutôt amusante, mais sa clôture est jalonnée de crânes) : c'est la marque de sa puissance, qu'elle tire de sa capacité à se tenir à l'interface du policé et du sauvage, du vivant et du mort. Encore une fois, l'effroi quelle fait naître est respectueux, contrairement à celui qu'inspirent les agresseurs classiques (exception faite peut-être de Kochtcheï l'immortel, type même de l'agresseur, mi-mort mi-vivant, qui va de conte en conte, parce qu'il ne cesse de ressusciter).

Je clos cet article sur la question du genre du conte merveilleux.
Le conte me semble être de ces formes culturelles qui ne sont pas genrées a priori. Dans le corpus de textes sur lequel travaille Propp, on note, par exemple, une certaine parité pour ce qui est du personnage principal. S'il s'agit d'un héros, le personnage féminin, objet de sa quête**, sera passif ; s'il s'agit d'une héroïne, c'est le personnage masculin qui sera passif. Ainsi, dans la Plume de Finist-fier faucon, le prince, aimé de l'héroïne, dort-il pendant la plus grande partie du conte, jusqu'à ce que la jeune fille, parvenue au terme de ses épreuves, le rejoigne et le sauve. Que le récit ait pour moteur une femme ou un homme, il proposera une quête, qui impliquera un déplacement à travers des espaces sauvages et infestés de périls, des qualités de courage, d'habileté et d'intelligence, nécessaires pour surmonter des épreuves qui peuvent être genrées (épreuves guerrières réservées au personnage masculin, épreuves de type « domestique » : trier, laver, filer..., au personnage féminin) ou non !
Le corpus des contes merveilleux russes est donc suffisamment vaste et suffisamment riche pour satisfaire un lecteur ou une lectrice moderne affranchi.e des stéréotypes sexistes. Au reste, ses thèmes, ses types et ses fonctions narratives se prêtent bien à l'appropriation d'auteur.e.s soucieux.ses de mettre au centre de leur œuvre des personnages féminins dynamiques et agissants.

* Pour Propp (mais cette thèse a rencontré de nombreuses critiques), Baba Yaga est une image dégradée d'une déesse ancienne, cumulant les attributs de la Dame aux fauves (telle qu'elle est figurée dans le Rig Veda indien ou par la figurine de Çatal Hüyük), d'une divinité du passage de la vie à la mort, et plus généralement des rites initiatiques, et ceux enfin d'une déesse combattante (type Ishtar).
** La quête amoureuse reste le schéma de base du conte.