Simon Matzinger |
Extraits
d'œuvres anciennes évoquant et promouvant une alimentation
végéta*ienne :
→ Yeshoua`
ben Shim`on ben El`eazar ben Sira, spécialiste de la Loi juive,
directeur d'une école privée de droit religieux à Alexandrie (IIe
siècle av. J.-C.) :
Dans
le Siracide, appelé aussi l'Ecclésiastique ou encore
La Sagesse de Ben Sira (un des livres poétiques ou sapientaux
de l'Ancien Testament, rédigé vers 150 av. J.-C.), l'érudit
affirme que l'homme tire sa vie du pain et de l'eau.
→ Publius
Ovidius Naso dit Ovide, poète latin (43 av. J.-C. — 17 ou 18 ap.
J.-C.) :
Ovide,
dans ses Métamorphoses, fait la description que voici de la
nourriture des hommes et des femmes des premiers âges :
«
La terre (...), d'elle-même, offrait tout.
Contents
des vivres qu'elle produisait
Sans
contrainte, les hommes cueillaient
Les
fruits des arbres, les fraises de montagne... » (Les
métamorphoses, I, 102-104)
→ Lucius
Annaeus Seneca, communément appelé Sénèque, philosophe de l'école
stoïcienne, dramaturge et homme d'État romain (entre l'an 4 av.
J.-C. et l'an 1 ap. J.-C. — 12 avril 65 ap. J.-C.) :
Sénèque,
cherchant une raison au fait que tant d'hommes meurent brusquement et
dans la fleur de l'âge (?), écrit au livre X de ses Controverses
: « Tous les oiseaux qui volent çà et là, tous les poissons qui
nagent, toutes les bêtes sauvages qui bondissent, trouvent leur
tombeau dans notre ventre. Cherche maintenant pourquoi nous mourrons
si subitement : nous vivons de morts. »
→ Anicius
Manlius Severinus Boethius, communément appelé Boèce, philosophe
et homme politique latin (vers 480 — 524) :
Au
livre II de La consolation de Philosophie, Boèce écrit :
«
Combien heureux l'âge premier !
De
ses champs féconds il était satisfait (...)
Des
glands apaisaient une faim sévère,
Une
couche d'herbe lui procurait un sommeil réparateur (...)
L'eau
courante du ruisseau étanchait sa soif. »
Toujours
au livre II : « la nature se contente de peu et de petites choses »,
puis au livre III : « à la nature un rien suffit mais à la
convoitise rien ne suffit ».
→ Petrus
Comestor ou Pierre « le Mangeur (de savoir) », théologien français
(1100 — 1178) :
Son
nom réfère à la double réalité de l'alimentation dans le
Christianisme : réalité pure et parfaite de l'alimentation
spirituelle vs réalité impure et imparfaite de
l'alimentation matérielle, la seconde étant soumise à la première.
Dans
son Historia Scholastica (un résumé des livres de la Bible
à l'attention du clergé et des prédicateurs), Pierre le Mangeur
note que le Nouveau Testament ne rapporte pas que le Christ
ait jamais mangé d'autre viande que celle de l'agneau pascal. Il
sous-entend par là que l'alimentation des fidèles doit comporter
très peu de viande et qu'il est bon de le leur rappeler dans le
cadre de l'enseignement religieux.
→ Eckhart
von Hochheim, dit Maître Eckhart, théologien allemand, philosophe
dominicain et père de la mystique rhénane (vers 1260 — vers 1328)
:
«
Je vous ai donné toutes les herbes (...) et tous les
arbres (...) afin qu'ils vous servent de nourriture
(Genèse, I, 29). On observera que le genre humain est
constitué pour une nourriture frugale : il ne lui est pas enjoint
d'user de chair. »
Le
message est on ne peut plus clair ! Je remarque qu'à aucun moment il
n'est question d'éthique
animale : Eckhart ne fait pas le lien avec la domination des hommes
sur les animaux. D'autres l'ont fait avant lui (l'homme est à
l'égard des animaux comme un père à l'égard de sa maisonnée : il
les domine au sens où il met en ordre leur activité, ceci pour le
bien commun, non pour les dévorer). Eckhart préfère mettre en
avant la vertu que revêt le choix végéta*ien : c'est le choix du
retour à la simplicité, du retour à l'état de pureté d'avant le
péché, c'est un choix de bon chrétien. L'option carniste traduit,
elle, la perversion du péché, la pente vicieuse de la sauvagerie
bestiale (rappelons qu'avant le péché, les ours et les lions, eux
aussi, broutaient et mangeaient des fruits).
J'en
conclus que pour Eckhart, le végéta*isme est un choix moral «
onto-théo-logique »
qui ne s'appuie pas sur des considérations relatives au bien-être
animal, mais qui, impliquant une conversion morale profonde, est
susceptible d'avoir des répercussions sur la relation de domination
des hommes sur les animaux, et d'en bannir notamment les actes de
maltraitance.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire