lundi 20 mai 2024

Sexe, genre et philosophie #7 Empédocle (– 490, – 430) #1 Biographies

 

Sources :

Hermann Diels 1903, Walther Kranz 1951, Fragmente der Vorsokratiker, traduction sous la direction de Jean-Paul Dumont, Les Présocratiques, Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, 2000.

Articles cités :

Sexe, genre et philosophie #2 gnathaena.blogspot.com 2022 : Hésiode

Sexe, genre et philosophie #3 gnathaena.blogspot.com 2023 : Thalès, Anaximandre, Anaximène

Sexe, genre et philosophie #4 gnathaena.blogspot.com 2023 : Pythagore

Sexe, genre et philosophie #5 gnathaena.blogspot.com 2023 : Héraclite

Sexe, genre et philosophie #6 gnathaena.blogspot.com 2023 : Xénophane, Parménide, Zénon, Mélissos


 

(1) Agrigente

Agrigente, ville du sud de la Sicile, a eu son premier tyran en - 570, le tristement célèbre Phalaris. Issu d’une de ses familles les plus éminentes, Empédocle naît deux ans avant l’avènement de Théron, avant-dernier tyran de la cité. Sa jeunesse est marquée par l’émancipation de la Sicile du joug carthaginois et par la chute de la tyrannie comme régime politique : alors qu’Empédocle a 18 ans, Thrasydée, fils de Théron, est vaincu par Hiéron, tyran de Syracuse (que Xénophane, on s’en souvient, visita sur la fin de ses jours) ; Thrasybule, frère et successeur de Hiéron, est renversé par la population syracusaine, avec l’aide notamment d’Agrigente, quand Empédocle a 25 ans. La constitution démocratique s’impose alors partout. Le philosophe n’y est pas étranger : du moins agit-il vraisemblablement en ce sens dans sa ville. Une anecdote rapporte qu’il aurait confondu un tyran en puissance lors d’un banquet (en interprétant ses paroles et ses gestes sous l’angle de la « physiognomonie », la reconnaissance des caractères par l’observation des comportements), qu’il l’aurait alors mis en accusation et aurait plaidé pour sa condamnation à mort. Selon Aristote, quelques familles de notables proches de la sienne l’auraient proposé comme tyran et il aurait été accepté pour tel de ses concitoyens, mais c’est à une autre fin, plus élevée, qu’il se destinait.

1.1) Empédocle, inventeur de la rhétorique ?

Le passage soudain de la tyrannie à la démocratie généralisées entraîne, en Sicile, une intense activité juridique. Au jugement unilatéral du tyran se substitue le jugement du tribunal populaire motivé par une procédure de requête pouvant émaner de tout.e citoyen.ne (les citoyennes devant se faire représenter par des hommes). Les exactions encore récentes des tyrans donnent lieu à de nombreux procès engagés contre les familles qui ont bénéficié de leurs largesses par celles qui ont été spoliées. Dans ce contexte, le conseil juridique promet des gains importants. Certains en font leur spécialité, où s’illustrent les célèbres Corax, Tisias, Gorgias, les deux premiers de Syracuse, le dernier de Léontinoi, proche de Syracuse. L’existence de Corax et de Tisias est incertaine : Aristote ne connaît que Tisias, Sextus Empiricus évoque les deux, mais à travers une anecdote trop belle pour être vraie. Quant à Gorgias, son existence est bien attestée et il nous reste des fragments de son œuvre. Quoi qu’il en soit, Corax et Tisias sont présentés comme les premiers promoteurs du conseil juridique, leur virtuosité ayant été capable de mettre un jury dans l’incapacité de juger l’affaire qu’ils présentaient. Et Gorgias est le plus ancien représentant, avec Protagoras, de la sophistique, qui est la science de la réalisation de ses désirs par le moyen de la parole. Selon Aristote, Empédocle aurait été le maître de Tisias et de Gorgias, ce qui en fait l’inventeur de la rhétorique, de l’art de bien discourir selon les circonstances, susceptible d’un enseignement. Une anecdote rapportée par Jamblique illustre la capacité d’Empédocle à influencer l’intention d’autrui, sa maîtrise de la persuasion : au cours de l’un de ses voyages, il est reçu chez un hôte qui offre un banquet en son honneur ; entre un jeune homme armé et furieux : le maître de maison a fait condamner son père à la mort ; le philosophe demande à un cithariste de jouer une mélodie sur un ton donné, ce qui a la vertu de calmer le forcené et de le ramener à la raison. Cette histoire atteste l’appartenance d’Empédocle à l’école pythagoricienne (connaissance de la théorie musicale et amitié témoignée à un hôte sans nul doute pythagoricien lui aussi). Mais, plus généralement, elle illustre sa capacité à convaincre autrui par le recours à l’harmonie et au rythme, composantes importantes du style et de l’action rhétoriques.

1.2) Empédocle, nouveau Pythagore ?

Les fragments des deux ouvrages qui nous restent d’Empédocle confirment pleinement son appartenance à la secte pythagoricienne. Comme Parménide cependant, le recours à l’écriture l’en a de facto exclu. Il existe deux formes d’exclusion du cercle pythagoricien : l’une, à laquelle est attaché le blâme, interdit la fréquentation de celui ou celle qui a divulgué les sujets d’enseignement tenus secrets (par exemple l’existence de nombres irrationnels, tôt découverts par les mathématiciens de la secte, comme racine de 2 et pi) ; l’autre n’est entachée d’aucun blâme, parce qu’il n’y a pas eu divulgation. Au – Ve siècle, le champ des sujets secrets s’étant fort réduit, ni Parménide ni Empédocle n’eurent à encourir le blâme de la secte, qui leur ferma cependant ses portes, même s’ils purent continuer à fréquenter tel ou tel pythagoricien isolément. Il semble que le souci de maintenir des liens d’amitié forts ait commandé aux deux philosophes de se lier très intimement à un élève, Zénon pour Parménide, Pausanias de Gela (située à mi-distance entre Agrigente et Syracuse) pour Empédocle, dédicataire de son De la nature. Ce comportement pourrait également s’expliquer par le fait qu’Empédocle aurait été, avec Zénon, élève de Parménide. Cette hypothèse n’est pas à exclure, tant est présente la figure de la « boule de l’être » dans l’ouvrage cité.

S’il est aisé de voir en Parménide et Zénon deux anciens élèves de l’école pythagoricienne qui ont choisi la voie politique à la fin de leurs études, ça l’est beaucoup moins pour Empédocle : si la tradition souligne son activisme politique, elle fait simultanément valoir chez lui les traits d’un « pur », d’un religieux de la secte. Voyons cela de plus près : tout comme celle de Pythagore (mais aussi d’Épiménide le Crétois dit « le Purificateur » et d’Abaris l’Hyperboréen dit « le Piéton de l’éther »), la vie d’Empédocle fait l’objet de récits fameux.

Son pythagorisme politique est illustré par trois types d’actes.

  • J’ai rappelé plus haut l’aspect juridique de son action. Son rôle dans l’instauration de la démocratie à Agrigente est par ailleurs évoqué par Diogène Laërce. Convoquant le peuple, il aurait, par son pouvoir de persuasion, fait dissoudre l’assemblée des mille (les citoyens mâles dont les familles peuvent financer l’armement complet) et promu l’égalité isonomique (la propriété immobilière suffisant désormais à faire le ou la citoyen.ne).

  • Empédocle a par ailleurs brillé par ses insignes services rendus à la cité, services liés non pas à son rôle politique (judiciaire et délibératif), mais à sa maîtrise de la philosophie de la nature (souvenons-nous du jugement de Xénophane : une bonne philosophie de la nature est celle dont l’application s’avère utile). Selon Timée, cité par Diogène Laërce, Empédocle aurait sauvé une récolte prometteuse, en disposant stratégiquement des paravents pour affaiblir la tempête qui menaçait les champs. Selon Hypobote, cité lui aussi par Diogène Laërce, il aurait préservé Agrigente d’une peste, en viant un cours d’eau vers le fleuve la traversant, l’assainissant en y mêlant des eaux plus pures. Selon Plutarque enfin, Empédocle aurait fait obturer le col d’une montagne pour détourner un effluve pestilentiel se répandant sur la ville. Cette dernière version mélange clairement celles de Timée et d’Hypobote. Quoi qu’il en soit, la tradition a retenu pour Empédocle l’épithète de « Préservateur des vents », en lien avec ces événements.

  • Le rôle politique du philosophe semble s’étendre sur le plan social. Empédocle initie un évergétisme démocratique qui sera imité notamment à Athènes (cf. Démosthène) : il s’agit, pour un homme riche, de doter ses concitoyennes pauvres. Ce geste a de multiples significations.

    • Il contribue en premier lieu à renforcer la cohésion sociale de la cité en permettant aux familles les plus pauvres de marier leurs filles « vers le haut » et de s’élever socialement (par alliance matrimoniale, à défaut d’alliance marchande par exemple, qui suppose une rente foncière conséquente). La démocratie ne peut rompre en effet avec l’oligarchie (tyrannique ou aristocratique) qu’en suscitant une mobilité sociale ascendante par le levier des alliances interfamiliales. Dans une démocratie naissante qui ne connaît pas l’impôt, seuls les oligarques convaincus de ses bienfaits peuvent agir en ce sens. Ce qui fut le cas d’Empédocle.

    • Il n’en reste pas moins que cette générosité profite aux oligarques qui souhaitent se ménager une place d’honneur dans la jeune démocratie. En dotant leurs filles, les riches ambitieux se constituent une clientèle parmi les citoyens pauvres, rendant ainsi leurs prestations à l’assemblée ou au tribunal populaires moins tributaires de l’humeur du public.

    • Il existe une troisième signification, plus proprement pythagoricienne, au geste de doter les filles pauvres. Pythagore, je l’ai dit, s’attache à tracer, pour les femmes comme pour les hommes, deux destinées, l’une politique, l’autre religieuse. Pour les femmes, ces deux destinées passent obligatoirement par la séquence mariage / maternité légitime / élevage exemplaire des jeunes enfants / transfert volontaire de ceux-ci aux pédagogues masculins (et autres professionnels de l’enfance, du maître d’école en premier lieu jusqu’au médecin). Cette trajectoire conditionne l’action politique ou religieuse des femmes. Tous les citoyens vont au combat, toutes les citoyennes enfantent : telle est la démocratie selon Pythagore, dans laquelle les concubines, pernicieuses à l’ordre social d’une cité vertueuse, n’ont pas leur place. En dotant les filles pauvres, Empédocle agit à la source du concubinage et, au-delà, de la prostitution (qui est en Grèce un concubinage de métier), selon une analyse sociale qui lie concubinage-prostitution des femmes et pauvreté familiale.

Quant au pythagorisme religieux d’Empédocle, il est illustré par une anecdote, miroir en quelque sorte de celle racontée sur Milon de Crotone, pythagoricien de la première heure. Celui-ci, plusieurs fois vainqueur aux jeux olympiques, offrit à Zeus, à l’occasion de l’une de ses victoires, un jeune taureau, qu’il dévora seul, sans le partager. Cet acte de démesure, d’hubris, prétendait dénoncer la consommation de viande, jugée impropre au partage de la nourriture sacrificielle, plus excluante qu’inclusive, et souillure pour celui qui la consomme : tel était le message pythagoricien, transmis de façon ironique par Milon. Mais revenons à Empédocle. Signe par excellence de richesse, son grand-père possédait une écurie de chevaux de courses et avait concouru à Olympie. Selon Athénée, à son tour « Empédocle d’Agrigente, [fut] vainqueur à la course de chevaux à Olympie », et il rajoute que « s’abstenant, en tant que disciple de Pythagore, de nourriture animale, [il] fit confectionner un bœuf de myrrhe, d’encens et d’aromates les plus précieux, et l’offrit aux assistants de la Panégyrie » (in Les deipnosophistes). Selon Favorinus, « il sacrifia, en l’honneur des représentants des cités, un bœuf fait d’un mélange de miel et de farine ». Dans les deux cas, le message est moins ambigu que celui de Milon : on peut légitimement confectionner des figures animales avec de la nourriture sacrée et les offrir à la divinité ; mais on ne doit pas toucher aux animaux eux-mêmes. Le geste du vainqueur, s’il a surpris les membres de la panégyrie, semble les avoir convaincus de sa grande sagesse : ses Purifications, œuvre religieuse que j’étudierai dans un prochain article, ont été lues à Olympie par un rhapsode célèbre. Si Milon était un pythagoricien politique et se devait, à ce titre, de procéder avec prudence, en recourant à l’ironie et par amplification d’une connotation négative attachée à la viande, Empédocle s’est présenté quant à lui comme un pythagoricien « pur », intimement lié au divin, montrant ce qui est licite en termes de sacrifice. Deux autres circonstances de sa vie renforcent cette idée :

  • Il pratiquait la « magie », au sens de « grand art », dont les effets saisissants sont obtenus par des moyens tenus secrets. Un seul « tour de magie » lui est explicitement attribué. Il consiste à plonger quelqu’un en catalepsie, à provoquer en lui une incapacité à se mouvoir et un ralentissement des rythmes vitaux, jusqu’à simuler la mort pendant quelques dizaines de secondes. Empédocle a manifestement développé cette technique à plusieurs, avec Pausanias son doux ami, mais aussi, nous dit la tradition, avec des femmes d’Agrigente. Il est probable qu’iels aient recouru à des pratiques d’hypnose pour faciliter le processus, comme on peut l’observer encore aujourd’hui dans les spectacles de magie. Iels se sont peut-être aussi aidé.e.s de drogues à base de plantes. Ce « tour de magie » avait sans doute un but sérieux : faire la démonstration pythagoricienne de l’existence de l’âme, qui subsiste identique à elle-même en dépit de la mort et de la renaissance du corps cataleptique. Il pouvait en outre y avoir une dimension plus mystique à l’expérience : le corps cataleptique est celui qui convient à une méditation sur l’être parménidien, à une pensée de l’être et sur l’être. La catalepsie (produite intentionnellement) pouvait être considérée comme le moment privilégié où l’on parvient à s’essentialiser.

  • Selon Galien, Empédocle fait partie des grands médecins italiens. Il semble qu’il ait appliqué à la médecine la méthodologie de sa philosophie de la nature, à savoir l’adaptation d’une théorie générale (sur la santé du corps) à l’observation (des états s’écartant de la santé) et réciproquement. Le résultat théorique de ses observations médicales se trouve dans la dernière partie de son De la nature (que j’analyserai en détail dans mon prochain article). Le corps y est traité comme ce à partir de quoi un autre corps peut être produit (c’est la question classique de la reproduction sexuée), mais aussi comme ce à partir de quoi une science naturelle peut exister (c’est la question moins classique des mécanismes à l’œuvre dans la sensation, d’où procèdent les observations que l’on peut confronter avec la théorie). La question de la reproduction impose de s’intéresser de manière privilégiée aux femmes. Il est vraisemblable qu’Empédocle ait initié la gynécologie scientifique, dont on constate la richesse un demi-siècle plus tard chez Hippocrate. Il est possible qu’à défaut de pouvoir établir une relation politique avec les femmes comme le fit Pythagore, il opta pour une relation de conseil privé auprès d’elles, sous l’angle de la santé reproductive. Cette hypothèse ne contredit pas son action en faveur des filles pauvres. Elle illustre d’autre part la grande difficulté à soutenir le projet initial de Pythagore dans le contexte masculiniste du – Ve siècle. En s’ancrant dans l’exercice de la médecine, il passe insensiblement du pythagorisme politique au pythagorisme religieux, qui a toujours eu pour base les pratiques privées féminines (s’organisant autour du triptyque nourriture, médecine, relation avec le divin).

Empédocle se distinguait par son extérieur des autres pythagoriciens, plutôt discrets, se reconnaissant entre eux par des signes, gestes et mots, plutôt que par le vêtement. Il semble avoir voulu se donner une image conforme aux discours que l’on tenait sur lui. La tradition le décrit avec ceinture d’or, chaussures de bronze, couronne delphique ou couronne d’or, baguette delphique, chevelure abondante, et marchant gravement accompagné d’enfants. Telle était, selon lui, la figure socialisée et fantasmée du sage.

Le fait de s’être identifié à l’image que l’on se faisait de lui a manifestement dérouté ses biographes. Il ne nous reste pas moins de six récits de sa mort, dont la diversité traduit les hypothèses variées sur le sens de sa vie :

  • La version d’Héraclide du Pont tend à confondre lhomme et sa réputation. Empédocle disparaît un soir après un banquet en plein air ; dans la nuit, certains convives endormis ont entendu ou vu des choses étranges ; au matin, Pausanias organise les recherches ; mais, très vite, il rappelle tout le monde, se contentant de dire qu’il faut sur le champ offrir un sacrifice pour Empédocle (ce qui l’assimile à un dieu). C’est la version la plus mystérieuse de la mort du philosophe, la plus ésotérique, qui n’est pas incohérente avec la fin qu’il se promet à lui-même dans les Purifications, comme nous le verrons.

  • La version d’Hypobote est la plus connue. Empédocle, quittant un banquet, gravit l’Etna et se jette dans le cratère qui vomit sa sandale de bronze, sandale que l’on retrouve et qui permet de comprendre ce qui s’est passé. Cette version fait cette fois écho à son De la nature : philosophe des quatre éléments, considérant qu’à leur mort les hommes se destinent à la terre la plus chaude (et les femmes à l’eau la plus fraîche), il aurait rejoint l’Hadès par sa bouche la plus brûlante. Pour que cette version ne soit pas incompatible avec les Purifications, il faut entendre qu’à sa mort, le sage a choisi de livrer son corps à la lave et de délivrer ainsi son âme des réincarnations. À rebours, la version d’Héraclide suppose une transfiguration du corps au moment de la mort.

  • La version de Timée est beaucoup plus prosaïque. Elle met l’accent sur la vie politique d’Empédocle. Parti en voyage plusieurs mois, notre philosophe apprend à son retour que ses ennemis dominent l’assemblée du peuple. Il décide de s’exiler dans le Péloponnèse où il meurt, loin de ses compatriotes.

  • Une version anonyme met quant à elle l’accent sur ses premières prouesses, les victoires sportives de sa jeunesse. Elle raconte ainsi qu’à l’âge de 77 ans, Empédocle fit une chute de char, se brisa une jambe et en décéda.

  • Deux versions sont apparentées et renvoient toutes deux à une « réflexion » sur la vieillesse. Selon Démétrios de Trézène, il se pend ; selon Télaugès, il se noie (volontairement). Il s’agit dans les deux cas d’éviter la sénilité, c’est-à-dire d’éviter de finir sa vie dans l’état où on l’a commencée. Le sage est celui qui prend les devants, qui choisit de mourir au sommet de sa vie, juste avant la vertigineuse chute qui reconduit à la petite enfance et qui annule en quelque sorte la vie vécue.

Les biographies d’Empédocle font moins de lui un pythagoricien qui s’est volontairement exclu de la secte pour publier son propre système du monde, qu’un nouveau Pythagore. « Marchant sur les traces de Pythagore, Empédocle d’Agrigente, Epiménide le Crétois, Abaris l’Hyperboréen accomplirent souvent des miracles semblables. Leurs exploits sont bien connus. » (Nicomaque, cité par Jamblique, in Vie pythagorique).

1.3) Œuvre

Rompant avec l’école éléate caractérisée par la production d’une œuvre unique, Empédocle a ponctué sa vie d’écrits poétiques variés qui sont dédiés aux différents aspects de sa vie intellectuelle. En lien avec sa précoce vie politique, il a produit plusieurs tragédies, dont il ne nous reste rien, car elles ont été considérées comme des œuvres de jeunesse sans grande valeur. Il ne nous reste rien non plus de son Discours de médecine (600 vers), éclipsé par la production hippocratique ultérieure. Ses deux œuvres majeures sont De la nature et les Purifications (totalisant 5000 vers), dont Diels a pu nous restituer 153 fragments non douteux.

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