Je
vous propose, dans cet article, un petit point sur l'histoire génétique
de l'« humain moderne », c'est-à-dire de nos ancêtres à tou.te.s
à partir de leur différenciation avec leurs cousin.e.s
néandertalien.ne.s et dénisovien.ne.s (-300.000). Je m'appuie, pour
ce faire, sur l'article d'André Langaney : « Les bases génétiques
de l'évolution humaine », in Qu'est-ce que la vie ?, UTLS, 2000.
L'«
humain moderne », c'est ce qu'on a longtemps appelé l'«
Homo sapiens » avant de s'aviser que ses cousin.ne.s étaient tout
aussi « sapiens » (même compétences, même taille de cerveau). Le
rameau « humain moderne » est né en Afrique équatoriale, celui
des humains néandertaliens, en Europe, et celui des humains
dénisoviens, dans l'Oural (grosso modo). Contrairement à ses
cousin.e.s, dont l'expansion géographique a été limitée, celle
des « humains modernes » les a fait se répandre rapidement sur
tous les continents. À la veille du Néolithique, les « humains
modernes » sont implantés presque partout (sauf : Sibérie,
Scandinavie, Islande, Polynésie, Caraïbes), mais en très faible
nombre.
Le
Néolithique (-10.000 / -5000) est marqué par une véritable
explosion démographique, avec une forte densification de la
population humaine dans certaines régions (Indus, Chine, «
croissant fertile » entre la mer Noire, la mer Rouge et le golfe
Persique). L'expansion des « humains modernes » se fait par (1)
alliance matrimoniale et (2) migration. Dès le Néolithique, «
… les êtres humains ont échangé assez de conjoints de proche en
proche et de migrants de loin en loin pour que l'ensemble des gènes
soient répartis en nappes continues à la surface de la planète :
il n'y a pas de discontinuité génétique notoire*, pas de
frontière biologique entre les populations, pas de races humaines**
».
*
La différence qui existe entre les deux êtres humains les plus
différents du point de vue du patrimoine génétique est de 0,01 %
et concerne 25 gènes sur 25.000.
**
L'existence de races est le prélude à la ramification d'une espèce
donnée en sous-espèces.
Qu'est-ce
qui explique maintenant les différences (morphologie et couleur),
qui ont été utilisées comme critères pour caractériser les
pseudo-races humaines ? Il s'agit de différences adaptatives,
exclusivement liées au milieu, considéré sous l'angle de facteurs
très simples : température et ensoleillement principalement. La
peau sombre est un effet de l'adaptation à un ensoleillement
important, la peau claire, à un ensoleillement réduit, tandis que
les formes rondes résultent de l'adaptation aux climats froids, les
formes élancées, aux climats chauds.
La
ressemblance physique, liée à l'adaptation au lieu et au climat, et
la parenté génétique, liée à l'histoire et à la géographie,
sont déconnectées. Ainsi les Bantou.e.s ressemblent aux
Papou.e.s, mais sont pourtant parents très éloignés (iels se sont
séparé.e.s il y a 100.000 ans). En revanche, les Papou.e.s ne
ressemblent pas aux Vietnamien.ne.s, mais sont leurs proches parents.
Une population peut en effet faire varier sa morphologie et sa
couleur sans modifier son capital génétique, simplement en faisant
primer l'expression d'un groupe de gènes plutôt qu'un autre.
Comment
nos ancêtres ont-ils procédé pour essaimer sur tous les
continents, tout en s'adaptant à des conditions climatiques
nouvelles ? Les migrations des populations humaines du Néolithique
étaient lentes (100 km environ par siècle) et faisaient alterner
les périodes de déplacement et d'implantation. Celles et ceux qui
choisissaient de migrer dans une direction (nord ou sud) étaient
celles et ceux qui s'en sentaient le plus capable (par leurs
différences morphologiques), qui étaient donc les plus adapté.e.s.
Les migrant.e.s avaient de surcroît une stratégie matrimoniale, qui
les faisaient s'allier aux populations locales, afin d'accroître
l'adaptabilité de leur progéniture.
➤ L'homogénéité
génétique propre aujourd'hui à l'espèce humaine n'aurait pu
exister sans cette culture du mélange qu'a su adopter l'«
humain moderne ».
➤ Ce
système, où des vagues de migration se sont mélangées à des
agrégats de migrations antérieures, a fonctionné parce
qu'il existait (1) une culture de l'accueil des arrivant.e.s et
(2) des alliances entre groupes voisins.
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